C'est ma première surprise party
19/02/2015 20:34
“C’est en surplombant le fameux port de Vancouver que j’eusse entendu soudain une mélodie qui me fit vibrer en pensant à l’oeuvre de Véronique Sanson ; l’émotion que j’eusse ressentie eut alors raison de mon imagination ; mon corps, ma tête, mon âme restèrent prostrés devant cette vision éternelle !”
Stop ! Stop… Je rembobine… Je vais la refaire façon chercheur d’or ou chasseur de caribous. Je me suis quelque peu perdu dans mes pensées ! J’ai eu un petit instant d’égarement lorsque je me suis retrouvé chez Lori et Lawrence, vous vous souvenez, il s’agissait de cette mystérieuse invitation pour un “diner” mercredi soir. Et bien, après avoir traversé le downton, limite en sprintant (je crois que j’ai battu le record), je suis arrivé tout essoufflé au domicile de mon kiwi préféré. Pourquoi ai-je couru ? Je vous laisse le choix entre deux raisons (valables, mais peut être une plus que l’autre).
1 – J’ai dû aller à la pharmacie dans le quartier et j’ai eu du mal à trouver.
2 – Nous avions rendez-vous à “fifteen” et non pas “fifty” à la pendule de l’école. Chez Lori et Lawrence, je suis donc arrivé avec 35 minutes de retard, ce qui devrait vous mettre sur la voie quand à la raison de mon retard. En plus, je n’ai pas déniché de médicaments à la pharmacie pour ne pas confondre les mots…
Bref, me voilà (très) attendu, car je suis le dernier. En effet, je n’étais pas VIP+ Guest, nous étions une petite quinzaine d’étudiants présents à cette surprise-party. J’avais quand même une interrogation qui me tenaillait : qui m’a invité et pourquoi ?
Qui ? J’ai su rapidement qui était Lori et Lawrence : ce sont les «owner» de CSLI, autrement dit, ce sont les propriétaires, “the big boss” ! Ils habitent au fond du downton, tout proche du port, ils sont au 38e étage ce qui fait vraiment de l’effet lorsqu’on admire l’horizon. La vue est splendide comme je l’ai “poétisée” au début de blog. J’ai eu de la chance, grâce à mes (vieilles) bonnes jambes, j’ai pu assister au coucher du soleil : sublime…
Pourquoi ? Aucune réponse plausible au premier ravitaillement. Lawrence était persuadé que j’aimais le vin (je ne sais pas comment il a fait pour deviner), il me fit goûter un rouge provenant de la région d’Okanagan Valley, c’est au sud de la Colombie-Britannique. Principales caractéristiques : la région est sèche et ensoleillée, donc on n’est pas loin au niveau du goût d’un bon Gaillac de chez nous. Lawrence me parlait de cette région pendant que moi je reculais avec une remarquable discrétion, car j’avais repéré le plateau de fromages ! Yeaaahh : ça fait un mois que je n’ai pas senti l’odeur du fromage et ça me manque… Sauf, qu’il faut batailler, car Janny, un jeune saoudien est en train de scruter le bleu d’Auvergne. Intrigué, il me demande “ce que c’est ce truc ?”.
- C’est du fromage français, ça s’appelle du bleu d’Auvergne.
Je ne sais toujours pas si ma traduction anglaise lui a apporté une info supplémentaire, toujours est-il qu’il a reculé devant l’Auvergne’s blue. Et je me suis jeté dessus. Yeah !
Soudain, quelqu’un me tape sur l’épaule : “Hey guy”… Je me retourne, “m… c’était Iva”. Que fait elle ici pensais-je ausitôt ? Sûr qu’elle me surveille, je dois être en sursis ! Je vais choper un carton, car j’avoue, j’ai parlé français avec Mathieu, un jeune marseillais de 20 ans que je ne connaissais pas. Il est à Vancouver depuis 5 mois. Il a un très bon anglais, c’était un plaisir de partager avec lui… “Mais je te jure Iva, on n’a pas dit trop de choses en Français…, même pas de gros mots”. Elle sourit, me regarda, et me dit, “je vais en France en mai prochain, je retourne à Paris”. En français dans le texte s’il vous plait. Eh oui, Iva a vécu deux années à Paris et elle en garde un très exc souvenir. Alors, comme nous étions “off”, nous avons échangé quelques mots et quelques expressions. Elle m’a sorti quand même un chouette “qu’est-ce qui se passe dans l’espace”, pas mal… Et comme Lawrence tenait absolument (dans l’ordre) : 1 – que je finisse la bouteille de Okanagan, 2 – que je ne rentre pas chez moi en ligne droite, il m’a donc rempli le verre, ce qui m’amena à lâcher (crier) un (très approprié) “à la tienne Étienne”. Iva se souvenait du prénom, elle connaissait aussi l’expression “à la tienne”, mais personne n’avait semble-t-il pensé à lui dire que l’association dans l’autre sens était sonnante pour elle, trébuchante désormais pour moi à cet instant de la soirée.
C’est précisément lorsque ma tête ne résonnait plus que par des mots inconnus dans toutes les langues, que j’ai eu ma réponse : pourquoi ?
Lawrence, le “All White”, - il adore le foot et les foot-kiwis jouent en blanc - tape dans son verre pour faire “silence dans l’assistance” (tiens, c’est une expression que je vais refiler à Iva, ça va lui plaire). Seul Alexandro continuer à danser au rythme d’une samba jouée seulement dans tête. Il s’immobilisa soudain.
Lawrence repris : “vous devez-vous demander pourquoi vous êtes présents ce soir, pourquoi seulement quinze personnes ?” (pourquoi tu ne me ressers pas du vin ? pensais-je).
Sans s’interrompre, il poursuivit : “Lori et moi, avons des critères pour notre école, et vous êtes les élèves qui avaient réussi le mieux votre intégration au cours ce mois-ci !”
P… Lawrence, t’aurais dû être mon prof à l’école, je t’aurais suivi au bout du monde, ça tombe bien, tu y habitais ! Il reprit en énumérant les qualités requises pour ce genre de compliment (respect, horaires, attention, échanges, participation, etc.)
Je dois admettre que c’était une belle attention, excellente pour la confiance. Ça m’a fait plaisir, je crois qu’Alexandro aussi était ému, car il avait éteint sa playlist et ne chantait plus l’hymne national du Brésil. Iva était à mes côtés, j’eusse envie de lui dire “c’est cool Raoul”, mais comme elle m’avait permis quelques mots de Français, je lui ai livré un respectueux : “Iva la Diva !
Mais elle connaissait déjà ;)