Faire des Bonds
19/03/2015 20:07
“I would like to talk about a subject…” Ouh là, j’ai vraiment pris des habitudes ici ! Je recommence… Mais, je vais fermer la porte, on ne sait jamais, si Benita est derrière, je ne veux pas qu’elle entende que j’ai un problème majeur ici : le sandwich du midi !
Chez CSLI, on a juste une heure pour déjeuner (12 à 13 h), c’est suffisant, car chacun amène son lunch dans le sac. Le sandwich est de mise pour pas mal d’étudiants. Ce sont les familles qui les préparent. Mais, très vite j’ai remarqué que tous n’avait pas droit à des tranches de mie de pain superposées et badigeonnées de choses pas toujours évidentes à déterminer au premier coup d’oeil et même parfois à la première bouchée comme le mien. J’ai entrevu des gamelles où il y avait du riz, de la salade, de la viande, bref un petit plat cuisiné. Au début, je n’y prêtais guerre attention, aujourd’hui, il ne faut pas que mes voisins s’absentent trop longtemps aux toilettes, sinon, ils me demanderaient à coup sûr qui leur a piqué leur casse-croûte, et moi de pointer du doigt, un passant – innocent – assez lointain pour l’absoudre de répondre à cette accusation calomnieuse. Bon, ma phrase est alambiquée, mais c’est pour dire que j’ai dalle ! Même s’il y a une variante du contenu à l’intérieur, ça fait maintenant deux mois que je mange le même sandwich. J’en peux plus !
Ce n’est pas facile de l’exprimer directement à Benita, car c’est l’école qui "deal" avec les familles. Aussi avais-je signalé (dès le début) que je détestais les tomates ! Ne ruez pas dans les brancards : je sais, c’est délicieux puisque tout le monde adore ces fruits (ne m’envoyez pas de lettres recommandées pour soutenir que la tomate est un légume, je n’aime pas certes, mais j’ai mes infos). “I hate Tomatoes” and “I hâte que ça se finisse”. Je crois que je peux le traduire dans toutes les langues, même en japonais : 私はトマトが嫌い
Et bien, ça n’a pas manqué, une fois par semaine, j’ouvre en deux mon sandwich pour chasser les rondelles rouges. Je voudrais vous y voir vous, y’a quand même le goût de la pulpe… Beurk, beurk, beurk ! Je pense ne pas être difficile, mais là je dois dire que je n’en peux plus.
À croire que Benita est de mèche avec Niack ; qu’ils espèrent m’empoisonner. J’ai même le sentiment qu’ils se relaient, car récemment, il y avait quatre tranches de tomates… C’est là que j’ai commencé à avoir des doutes. Sans doute une consigne pour m’éliminer plus vite. C’est même peut-être Edwin - qui m’a déjà rendu sourd et qui veux m’achever – qui prépare l’horrible portion ! C’est un infâme complot, je me sens pris en sandwich, le comble pour moi !
Attention, je suis encore vivant, je vais faire appel à (Mohamed) Ali et Ali (baba), elles vont venir m’aider. Elles vont tous les Latte ! Et aussi Mohican : un coup de klaxon et il va débarquer avec sa bande de bikers… Il les mettra dans son bus, ça fera sûr une bonne centaine de guys pour venir en découdre.
(Silence…)
Je me redresse… Ouf, c’était un cauchemar ! « Oh, my god », j’ai eu peur. Je frémis, je transpire. Il faut dire que toutes ces histoires depuis lundi me travaillent y compris dans mon sommeil. Vous vous souvenez, on a un nouveau challenge à relever : produire un film d’environ quatre minutes pour la remise des diplômes du vendredi 27 mars. Il y a des récompenses aussi pour les meilleurs films. Ce sera mon dernier jour à CSLI et je dois dire que la perspective d'être le premier pour ma dernière me donne un supplément d’âme. Ça me plait.
En classe avec Alexa, on poursuit le scripte de notre quart de moitié de court-métrage. On va tourner lundi prochain le nouveau James Bond. Il faudra ensuite monter les images puis remettre la pellicule, euh, pardon le MP4 mercredi soir. On a peaufiné le scénario. Je vous assure que Niack est vraiment dangereux. Et surtout, on a distribué les rôles. J’ai été « casté » pour un personnage qui peut donner à réfléchir à tout Hollywood ou bien prêter à sourire à Bollywood !
Je vous en laisserai juge une fois le film réalisé, c’est promis. Il faut juste être un peu patient. À la vue du clip, j’ai bien peur que vous ne fassiez des bonds aussi !
En attendant, j’ai fini de prendre mon petit déjeuner, je dévale les escaliers pour courir après mon bus. Au passage, j’attrape mon lunch dans son éternel papier kraft. Le sandwich est encore le même…
Ce n’était donc pas un rêve ?